Que retenir des JO ?

Voilà, les JO sont finis. On a presque tout regardé, et voilà ce qu'on en a retenu.

Mathieu Crépel - France Television

La grande révélation de ces JO, pour nous, ce fut Mathieu Crépel. Choisi par France Télévision pour être le consultant freestyle snowboard, le premier champion TTR de l'histoire a été à la fois pointu pour les spécialistes, et pédagogue pour le grand public. 

Il est également parvenu à faire passer des messages importants pour le snowboard, comme ce moment où son acolyte assurait que "mieux vaut quand même commencer par le ski avant le snowboard" : non, on peut commencer par le snowboard. Et que dire du vrai message passé pour une fédération de snowboard ? Non, la FIS n'est pas légitime pour gérer les sélections Olympiques de snowboard, pour gérer le snowboard tout court ! Bravo Mathieu et merci.

A nos yeux, c'est à cela que doit servir le snowboard aux JO : profiter de l'exposition donnée pour faire passer des messages. Cela signifie supporter Patrick Montel, cela signifie devoir vulgariser, cela demande beaucoup de patience, mais l'évolution du snow est à ce prix. 

Et pourtant, la tache n'était pas facile. Bien sûr, c'est France Télévisions. Bien sûr, personne ne leur demande d'être aussi bons et pointus que Greg Poissonnier ou Adrien Larripa pendant la Poney Session... Mais quand même, QUAND MÊME. Un peu de respect pour une discipline populaire (oui, le snowboard est une pratique plus populaire que le patinage de vitesse, le curling, le bobsleigh, le saut à ski etc...) serait tout de même bienvenue.

Le post facebook qui a fait partir la polémique. On en est fiers !

Les francais

Cinq français participaient aux épreuves freestyle des JO. Tous en pipe. Tous ont atteint au moins les demi-finales, Sophie Rodriguez et Mirabelle Thovex faisant même leur chemin jusqu'en finales.

Chez les mecs, Arthur Longo et Johann Baisamy ne plaquent aucun run en demi-finale. Dommage, car même si la victoire aurait été compliquée, une médaille n'était pas impossible non plus... 

Chez les filles, la très bonne surprise aura été Clémence Grimal. Elle ne passe pas la demi-finale mais a fait preuve d'une amplitude prometteuse. Elle a même une page wikipedia à son nom... en polonais. Mais pas en français.

La grosse interrogation fût quand même le slopestyle avec aucun frenchie. Même pas un gars qui n'avait aucune chance mais aurait kiffé. Personne. Ils étaient trois en ski slopestyle. Faut-il blamer la fédé ? Les riders ? Impossible à dire, si ce n'est qu'un groupe est déjà en préparation pour 2018...

Clémence Grimal avait une présentation incroyable avec un jeté de cheveux de toute beauté.

La FIS

Rappelons que les qualifs pour les JO passent par le circuit FIS et non par le TTR, le seul vrai circuit de compètes légitimes en snowboard. Un non-sens complet, une aberration.

Les installations (pipe / slope)

Un informateur avisé (de type participant, demi-finaliste) nous l'a dit en "off" : le pipe était VRAIMENT merdique. Des trous de partout, de la neige fondue dans la transition, et même de l'over-vert pendant les premiers trainings... Ce pipe était dangereux, et n'a pas permis aux riders de s'exprimer à 100%.

Même son de cloches du coté du slopestyle. Les remarques des riders sur le shape lors des premiers trainings étaient plus que justifiées. Si les media grand public ont fait l'amalgame entre plein de choses (blessure de Torstein, taille des jumps etc...) c'est bien la qualité du shape qui était en cause, avec notamment des bosses sur les kickers. Imaginez-vous traverser un champ de dos-d'anes à 120 km/h quelques mètres avant de vous élancer sur un kicker, et vous aurez une idée de ce à quoi ont ressemblé les premiers trainings.

Mais comment se fait-ce ? Lors des appels d'offres, plusieurs société privées de shape ont proposé leurs services et notamment la plus connue, Snowpark Technologies (SPT). Ce sont eux qui sont responsables du shape des X Games, du Peace Pipe/park des JO, des grosses session Burton et cie... Mais l'organisation des JO a trouvé leur devis trop cher, et a confié le shape a une société bien moins réputée. Le tout pour des économies de bout de chandelles... 

Le coach australien Ben Bright (frère d'une certaine Torah) aura été le plus direct, dans une interview au Sydney Morning Herald : "Je tiens à rester diplomate, mais c'est (le pipe) vraiment de la merde. Tout est géré à la dernière heure, la dernière minute. Le contest Hommes commence et la Fédération Internationale de Ski a laissé son égo barrer la route à un bon contest. Ils ont eu un bon pipe de justesse à Vancouver, et ils n'en n'ont pas ici. Alors merde. [...] Pour l'instant, c'est dangereux. Vous avez droit à un event mixte : ski de bosses et pipe en même temps. C'est putain de débile."

Tenter le tout pour le tout et arroser abondamment le pipe 10 minutes avant l'épreuve en espérant que ca gèle... alors qu'il fait 10°.

Les retombées pour les vrais gens du snowboard

L'argument massue des pro-JO est "les retombées pour le milieu du snow". Vous savez quoi ? Le trafic de ce site n'a pas bronché, et nous n'avons pas eu de retombées commerciales. Au contraire, les marques n'ont pas le droit de communiquer autour des performances de leurs riders. Elles n'ont pas le droit d'annoncer à tous qu'après avoir poussé un rider pendant des années, il vient enfin de remporter une médaille !

HA ca, nous on aurait bien aimé une campagne de pub Apo ou Nike pour féliciter Sage Kotsenburg, que Quiksilver veuille mettre Ipod en avant ou que Burton remercie Shaun pour toutes ces années de victoires... mais non, c'est interdit. 

On espère qu'en revanche Volcom et Apo/Billa auront remarqué qu'Arthur et Johann ont tout donné. Sophie Rodriguez, 7ème, n'a pas de sponsor (si vous vous demandiez pourquoi elle avait du scotch noir sur le bandeau de son masque, maintenant vous comprenez), et Clémence Grimal et Mirabelle Thovex ne roulent pas en Ferrari non plus. Les JO n'ont d'yeux que pour les médaillés, mais ce sont tous les participants qui sacrifient deux ans sur l'autel de l'olympisme. Sponsors, faites pas les radins, en espérant que la fédé continue de soutenir les riders hors-JO.

Les Jeux Sympathiques

Dire que les JO ne sont pas la panacé, voire les boycotter, est une chose. Proposer une alternative en est une autre. Nous avons donc pris notre part de responsabilité et organisé les Jeux Sympathiques. Une parodie de JO avec Slopestyle, pipe et Slalom parallèle. Un event ouvert à tous, et surtout FUN. Pas de pression, rien à gagner ou presque, et juste passer du temps entre snowboarders autour d'un bbq et de quelques modules shapés à la main. C'était cool et si vous n'y étiez pas, vous avez raté quelque chose. Ou alors vous étiez en train de vous gaver de pow, et vous avez eu raison.

Snowboard

Toutes ces considérations politiques mises à part, il y avait aussi du snowboard aux JO, et voilà ce qu'on a retenu.

- Les chinois :

Les Chinois s'entrainent à fond de pipe depuis des années. Nous les avions vu lors de notre trip à Mt Hood en mode guerriers : l'hôpital ou la gagne, au sens propre du terme. Du coup ca paye et deux chinois étaient présents en finale du pipe, tant chez les hommes que chez les femmes. GROSSE DIFFERENCES : les mecs étaient spécialistes des grabs interdits, tandis que les filles avaient un gros problème avec leurs moufles, dont elles affichaient ostensiblement le swoosh à chaque passage de la caméra. Ceci dit, ils avaient quatre riders en finale... 

- Les meufs

Elles ont ridé les gros kickers du slopestyle. Elles avaient du style. On aime voir les filles faire du snowboard. Qu'est-ce qu'y a ?

- Les américains

Aucun américain sur le podium du pipe homme, ce n'était jamais arrivé aux JO ! Mais il ne faudrait pas les enterrer trop vite... les trois autres médailles d'or sont US : Sage Kotsenburg, Jamie Anderson et Kaitlyn Farrington.

- Les juges :

Par leurs notes, ce sont eux qui tracent le chemin de ce qu'ils veulent voir ou non. Et les riders de compétition font ce que les juges veulent voir. En montrant que le style était important, en faisant gagner en slope un rider qui ne faisait pas de triple cork (mais un 1620 quand même), ils pourraient bien avoir influencé l'avenir du snowboard. Un mois après la victoire de Danny Davis aux X Games avec son fameux Switch Method... le snowboard de compétition serait-il enfin sur la bonne voie ? Enfin il ne faudrait pas oublier qu'ils ont fait passer en finale deux chinois qui ne faisaient QUE des grabs interdits..

- Les snowboarders :

ils étaient sympa entre eux ! incroyable pour le grand public habitué aux machines de compétition programmées pour gagner, et à la défaite amer.

- Shaun White

Il était attendu. Il finit quatrième en posant les fesses sur un trick, et en plaquant un dernier trick de l'ESPACE. 7 mètres jusqu'au flat. Il repart sans médaille, et sans même avoir participé au slopestyle. Trop de pression ?

- Jenny Jones

A 33 ans l'anglaise repart avec la première médaille de l'histoire des JO de l'Angleterre ! Une révolution !

- Les résultats

Slopestyle :

1/ Sage Kotsenburg

2/ Stale Sandbech

3/ Mark Mc Morris

1/ Jamie Anderson

2/ Enni Jukajarvi

3/ Jenny Jones

Halfpipe

1/ Kaitlyn Farrington

2/ Torah Bright

3/ Kelly Clark

1/ Iouri Podladtchikov

2/ Ayumu Hirano

3/ Taku Hiraoka

- Le style

Et si 2014 était l'année où le style avait gagné ? Et si les JO, malgré tous les a priori que tout le monde avait, était la compétition où le style avait été mis à l'honneur ? Sage Kotsenburg, Torah Bright, il y a eu des runs vraiment stylés récompensés par les juges, ce qui est pluôt une bonne nouvelle.

Par contre pas de bol pour les shredders rebelles qui faisaient des layback sur les box en se croyant rebelles / originaux : désolé les gars, vous faites des tricks de JO...

- Et maintenant ?

Que va t'il se passer maintenant ? Pour la saison en cours, il ne reste qu'une seule compétition 6* TTR : l'US Open. Shaun White va t'il s'y pointer pour prendre sa revanche ? Les riders vont-ils enfin passer à autre chose ? On pense notamment à Arthur Longo et Johann Baisamy, qui passent habituellement leurs saisons à shooter de la pow... Retournez-y !