Jed Anderson est un phénomène, et Crazy Loco est son projet, très personnel. Voici en exclusivité sur Fluofun la vidéo complète, 13 minutes 32 secondes de pur bonheur, entre art, snowboard, potes, jazz, skate, rock, electro et trips...
Bienvenue dans l'univers de Jed.
Nous avons établi un partenariat officiel autour de ce film et voulions faire une interview de Jed pour accompagner la sortie du film. Mais il était hors de question de faire cela par email ou skype. Après quelques rendez-vous manqués de peu aux US cet été ou en Europe l'hiver dernier, nous avons insisté auprès de son sponsor Salomon Snowboards pour le faire venir à Grenoble lors du Snow Garden festival.
Il s'est trouvé que les agendas marchaient bien, qu'un shooting en Suisse était possible la semaine d'après pour Jed et boom, voilà Jed dans la capitale des Alpes, dispo pour une interview complète. Nous avons cruisé en ville à la rencontre des punks à chien grenoblois, mangé des cuisses de grenouilles dans un bouchon lyonnais, puis sommes allés au skatepark de Fontaine. Après une bonne session (où il a cassé le park), nous nous sommes posés dans l'herbe pour discuter.
Enjoy.
Jed Anderson est un phénomène, et Crazy Loco est son projet, très personnel. Voici en exclusivité sur Fluofun la vidéo complète, 13 minutes 32 secondes de pur bonheur, entre art, snowboard, potes, jazz, skate, rock, electro et trips...
Bienvenue dans l'univers de Jed.
Nous avons établi un partenariat officiel autour de ce film et voulions faire une interview de Jed pour accompagner la sortie du film. Mais il était hors de question de faire cela par email ou skype. Après quelques rendez-vous manqués de peu aux US cet été ou en Europe l'hiver dernier, nous avons insisté auprès de son sponsor Salomon Snowboards pour le faire venir à Grenoble lors du Snow Garden festival.
Il s'est trouvé que les agendas marchaient bien, qu'un shooting en Suisse était possible la semaine d'après pour Jed et boom, voilà Jed dans la capitale des Alpes, dispo pour une interview complète. Nous avons cruisé en ville à la rencontre des punks à chien grenoblois, mangé des cuisses de grenouilles dans un bouchon lyonnais, puis sommes allés au skatepark de Fontaine. Après une bonne session (où il a cassé le park), nous nous sommes posés dans l'herbe pour discuter.
Enjoy.
Salut Jed, on commence toujours les interviews pareil alors on t'écoute, nom, age, origine etc...
Salut Fluofun, je m'appelle Jed Anderson, j'ai 23 ans et je viens de Calgary, dans l'état de l'Alberta au Canada.
Ton nouveau film vient de sortir, parle nous-en un peu.
Ca s'appelle Crazy Loco. En gros j'ai filmé avec mon ami Tanner, qui a aussi fait tout le montage. On n'était pas vraiment certain de ce que l'on faisait sur le moment, on partait juste en trips et on filmait pour le fun. Enfin pas vraiment pour le fun, on savait qu'on allait en faire quelque chose, mais on ne savait pas précisément quoi, si on allait donner le tout à Videograss ou quelque chose du genre...
Au fur et à mesure on s'est dit qu'il serait cool de faire un edit juste avec ces trips, et sortir un petit livre, avec quelques photos et des dessins, faire quelque chose de plus complet que de juste sortir une video part online ou en dvd... juste faire quelque chose de différent.
Les livres ont été envoyés un peu partout et sont maintenant quasiment introuvables, est ce que tu as eu des retours là dessus ?
Oui, on n'en a pas fait beaucoup, et il était dur d'en envoyer à tout ceux qui en voulaient. Mais ceux qui l'ont eu ne m'ont fait que des retours super positifs. En fait j'essaye de me mettre dans la peau d'un kid plus jeune, intéressé par le snowboard, je trouverais ca cool d'avoir quelque chose de concret entre les mains, au lieu de juste acheter une part en ligne pour 99cents, et l'avoir juste sur son ordi. C'est cool d'avoir quelque chose de physique, de plus consistant que la vidéo elle-même.
Après avoir diffusé le teaser et expliqué le concept du livret, on nous a beaucoup contacté pour savoir comment l'avoir. C'est assez rare que les lecteurs fassent concrètement la démarche de nous contacter pour ce type d'informations.
C'est l'intérêt de faire une série limitée : tout le monde n'en aura pas... la vidéo elle-même est en ligne, mais le livret, lui, est spécial.
Et la vidéo qui sort aujourd'hui n'est pas non plus celle qui est sur le DVD physique, elle a été ré-éditée, et il y a des bonus sur le DVD, qu'on ne voit pas en ligne.
Oui, même si je n'ai encore vu les bonus moi-même pour être honnête, je n'ai pas de lecteur DVD... Peut-être qu'ils sortiront en ligne un jour ? Je ne suis pas sûr.
Tu es un phénomène aujourd'hui, mais explique nous un peu d'où tu viens. Tu faisais du pipe étant jeune ?
J'ai grandi en ville, mais à coté des montagnes donc je ridais vraiment de tout, du pipe, du park, de la poudreuse quand il y en avait etc... Le week end évidement, mais il y avait un snowpark ouvert jusqu'à 21h tous les soirs de la semaine à coté de chez moi, j'y allais tous les soirs. Il y avait un pipe, quelques jumps et rails... donc je ridais de tout, tous les jours. A partir de 12 ans environ, j'ai commencé à faire beaucoup de contests de pipe mais en fait, c'était plus une excuse pour voyager aux US. Je ne filmais pas à l'époque mais il y avait des contests cool comme la Vans triple crown ou l'US Open, c'était une bonne occasion de rider de meilleurs parks.
Jed rencontre les "caillera du skatepark".
Backtail shove it, in your face.
Donc à 12-13 ans, tu ridais des contests comme beaucoup de riders, et là, tu te retrouves à avoir ta propre vidéo. Il s'est passé quoi entre temps ? Peu de riders ont une vidéo juste à leur propos...
Oui, et c'est un peu bizarre pour moi. Je n'aime pas trop que les feux du monde du snowboard soient braqués sur moi, donc c'est difficile de sortir mon propre projet... Mais après avoir fait des contests, j'avais envie de faire quelque chose de plus personnel, et filmer une vidéo part est à peu près le seul choix possible, et le meilleur : tu rides ce que tu veux rider, tu filmes ce que tu veux filmer. C'est à toi de choisir et ca m'a semblé bien plus intéressant et épanouissant.
Mais comment on en vient à avoir SA vidéo ?
Mon intention n'a jamais été d'être une star, je voulais juste ne pas faire quelque chose de classique. Pas une vidéo qui enchaine part-part-part-part, qu'on ne regarde qu'une fois, où on zappe certaines parties etc... vraiment quelque chose de différent à regarder, un "montage" (en francais dans le texte) que les kids regarderaient le matin avant d'aller rider pour se donner la motive, qui soit fun à regarder.
C'est vrai que tu n'es pas le genre de rider à chercher l'attention à tout prix, tu n'as pas des milliers et des milliers de fans sur les réseaux sociaux, tu ne harcèles pas les media... tu te caches même un peu ?
Oui, un peu...
Nous étions impatients de voir ce qu'une vidéo sur toi allait donner. Quand un rider comme Travis Rice fait une vidéo sur lui-même, il assume à fond et on sent que le projet est extrêmement important pour lui, tu semble plus détaché.
Oui... en fait, pour moi, le snowboard n'est pas toute ma vie. Il fait partie de ma vie, mais ce n'est pas tout. Si les gens aiment ce que je fais, c'est vraiment génial, mais sinon ce n'est pas très grave. A propos de "se cacher" comme tu dis, je pense qu'il devrait effectivement y avoir plus de mystère autour des gens. Si certains aiment ma façon de rider, tant mieux, mais je ne pense pas qu'ils devraient TOUT savoir sur moi, tu vois ce que je veux dire ?
Mes skaters ou snowboarders préférés - à moins de les avoir rencontrés - je ne sais rien d'eux en fait, et c'est ce qui rend la chose intéressante.
Tu penses que les riders sont trop "starifiés" ?
Oui, et je n'ai pas envie d'être en permanence dans la face du public, je préfère apparaitre de temps en temps, je ne veux pas en faire trop.
Pour aller dans ton sens, aujourd'hui, on sent le monde du snowboard saturé. Trop d'edits, trop de parts, trop de videos...
C'est exactement ca, et cela tire le niveau global vers le bas.
Quand on a lancé le site en 2007, notre mission était de trouver des édits et en partager le plus possible aux lecteurs. Maintenant j'ai l'impression que notre mission est inversée : nous devons être le filtre pour pas que les lecteurs se retrouvent avec des tonnes d'édits de moyenne qualité chaque jour...
Je suis totalement d'accord. Il y a trop de merdes, on est en plein "content overload". Je ne vais même plus vraiment sur les sites de snowboard, car je ne sais plus où donner de la tête tellement il y a d'edits qui sortent chaque jour. A l'époque des premiers "Sunday in the park" c'était cool, le contenu était bon...
Et donc Crazy Loco n'est pas là pour "remplir internet". C'est avant tout un projet réalisé pour le booklet et le DVD. La vidéo qui sort aujourd'hui n'est qu'un bonus pour tout ceux qui n'ont pas pu avoir le livre.
C'est ca, pour pouvoir montrer le projet à mes amis qui habitent loin et n'ont pas pu avoir de livre...
Tu as dit plus tôt une phrase intéressante : "le snowboard n'est pas toute ma vie. Il fait partie de ma vie, mais ce n'est pas tout."
Pour beaucoup de riders pro, le snowboard est toute leur vie, ils ne pensent qu'à ca, ne font que ca, toute l'année. Moi, j'aime beaucoup le snowboard, mais je suis intéressé par d'autres choses également. C'est aussi pour ca que je ne suis pas en permanence dans les media. Ce n'est pas que je ne sois pas fier de mon snowboard, mais je ne ressens pas le besoin de constamment le mettre en avant.
Tu as toujours des amis qui n'ont rien à voir avec le snowboard ?
Oui, la plupart de mes amis ne font pas de snowboard. Je suis assez chanceux de ce coté là. Peut être que certains de mes amis ont déjà fait du snowboard, mais la plupart d'entre eux sont étudiants ou ont des petits boulots... ils ne peuvent pas vraiment se permettre de faire du snow financièrement. J'ai grandi en centre-ville, je faisais beaucoup de skate aussi donc beaucoup de mes amis viennent de là. Et de ceux avec qui je faisais du snow quand j'étais petit, la plupart ne ride plus, soit parce qu'ils ne peuvent plus se le payer, soit parce qu'ils sont passés à autre chose... C'est dommage, mais je comprends ca.
Ca fait du bien de parler avec des gens qui n'en n'ont rien à faire du snowboard.
Oui, c'est ce qui est cool avec mes amis. Ils savent que je fais du snowboard, mais on n'en parle littéralement jamais. Récemment, j'ai posté des trucs sur mon instagram à propos de ce voyage en Europe, et ils m'ont juste demandé "Pourquoi tu es en Europe ?", j'ai juste répondu "pour le snowboard", et c'est tout, ils me disent juste "ok, amuse toi bien". Ils ne vont pas me demander quelles sont les conditions de ride, quels tricks j'ai fait ou autre... ils s'en foutent. Et c'est bien, j'ai besoin de ca.
Je pense que si je ne faisais QUE du snowboard, je perdrai intérêt dans le snow. Je ne serai pas assez passionné pour ne faire que ca. Il est bon d'avoir plein d'intérêts différents, et de prendre du temps pour chacune, c'est ce qui permet de rester frais dans chacune.
Alors sortons les grands mots. Est-ce que tu considères le snowboard comme un travail ?
Oui, totalement. C'est mon travail, c'est comme ca que je gagne ma vie. J'aime le snowboard, certes, mais c'est mon travail.
La plupart des riders répondent "non, c'est avant tout une passion etc..."
Je suis évidemment passionné de snowboard, mais en même temps, si ce n'était pas mon travail, je ne pourrais pas me permettre de rider autant. Si le snowboard n'était pas mon travail, je serai à l'école à plein temps, et je me concentrerai là dessus. J'aime le snowboard, mais si ce n'était pas mon travail, je ne pourrais pas m'acheter tout le matériel, aller à la montagne... Certains de mes amis étaient vraiment forts en snowboard, mais ils n'ont pas eu autant de chance que moi, n'ont pas été sponsorisés et sont retournés à l'école ou ont trouvé un boulot, et ils ne rident plus que quelques jours par an.
En moyenne, un rider fait 7 jours de snowboard par saison.
Et ce sont 7 jours qui coutent très cher. Payer la bouffe, l'essence, les forfaits, le matos...
Rider en street coute moins cher.
Oui, c'est probablement ce que je ferai si je n'étais plus pro. Construire des petits modules, faire le con dans les rues enneigées... c'est un peu comme quand on fait de la luge étant petit, juste pour rigoler.
Si tu devais arrêter le snowboard demain, ce serait un grand traumatisme, ou une nouvelle opportunité ?
Ce serait triste, mais je resterai positif et prendrai cela comme un opportunité de commencer quelque chose de nouveau. Si je ne pouvais pas faire de snow, cela voudrait probablement dire que je ne pourrais pas faire de skate non plus, et ces deux choses sont très importantes pour moi. Mais il y a tellement à découvrir... Pour être honnête, je pense que je me mettrai à la musique. Je fais de l'art, mais je ne joue pas de musique et la musique est à la fois un challenge et un apprentissage sans fin. J'ai toujours rêvé de savoir jouer de la musique, mais dès que j'ai un temps libre... je vais skater ou faire du snow. Du coup c'est dur d'apprendre...
Bon, parlons d'un sujet épineux. Tu ne portes pas de casque dans cette vidéo, alors que tu en a toujours été le plus grand défenseur.
En fait, j'avais une certaine vision de moi même en snowboard, et je voulais juste voir à quoi je ressemblerai sans casque en vidéo. Mais je n'ai rien contre en porter un à nouveau, je le ferai surement. Quand je vois des kids avec des casques je trouve ca cool. On en parlait avec Bode (Merrill), qui va maintenant porter un casque quand il va en Alaska. C'est sensé... de mon coté, je voulais juste voir ce que ca allait donner sans.
Et donc, ca donne quoi ?
C'est différent... en fait, je préfère sans. Mais cela vient beaucoup du fait que je sois petit avec une grosse tête, du coup le casque la rend encore plus grosse... c'est très matérialiste comme jugement, quand je regarde mes anciennes part "avec casque" je trouve ca cool aussi. Il faut dire que j'ai beaucoup skaté récemment, et je n'ai jamais porté de casque pour skater. En fait, la première session de snow de l'année dernière, j'ai juste oublié mon casque à la maison, donc je n'avais pas le choix. Et j'ai continué de rider comme ca ensuite.
Si je faisais du park sur des tables gelées etc... je mettrai un casque, c'est sûr. Mais en street, même si je tombe, j'ai l'impression de gérer quand même. Il y a toujours des choses qu'on ne contrôle pas mais bon... En fait, c'est stupide de ne pas mettre de casque. Mais je n'en mets pas, donc je doit être un peu idiot.
Les skaters ne mettent jamais de casque pourtant.
Oui, mais ils ne sont pas attachés à leur planche. En skate, on peut mieux rattraper une chute.
Dans le processus d'élaboration de cette vidéo, sur les différentes pré-versions que l'on a vu, il y a eu de moins en moins de skate avec le temps. Est-ce parce que les tricks n'étaient pas au niveau des pros en skate ?
Oui et non, c'est surtout que je trouve bizarre de mettre du skate dans une vidéo de snow, je préfère séparer les deux. Dans un edit à la cool ca peut passer, mais pas dans une vraie vidéo, ou alors juste en transition. Il y a des lieux et des moments pour chaque chose, et même si je filme un peu de skate, je ne veux pas mélanger trop les deux.
Ta voix en off aussi, certains passages ont été enlevés.
Oui, je déteste entendre ma voix. Ce n'est pas que je sois timide, et peut-être que je me juge trop, mais je trouve que ma voix sonne bizarre...
Cce sont vraiment toi et Tanner qui aviez le dernier mot sur ce qui serait ou non dans la vidéo, pas Salomon ?
Oui, c'était cool d'avoir l'opportunité de créer ce que nous voulions.
Donc les gens qui voient cette vidéo peuvent vraiment se dire que c'est ta vision des choses, et pas (uniquement) les stratégies marketing de Nike ou Salomon ?
Non, vraiment pas. Enfin je n'ai pas vu les bonus, mais pour la vidéo il n'y a pas grand chose à propos de moi. Ca reste très vague, et plus que ma personne, cette vidéo représente bien ma saison dernière, tout ce qui s'est passé pour moi. On peut voir où je suis allé, avec qui j'étais, l'ambiance...
Si tu devais retenir UN trick dans la vidéo ?
Hum, c'est intéressant... [longue reflexion]
J'ai fait un switch frontside 27 sur ce long rail (à 9min 50), j'aime bien celui là. Oui, ca serait celui là. Le plus marrant, enfin pas marrant genre "drole" mais plutot "fun", c'est un gros roof drop au Japon (à 7min 40). C'était en plein milieu de Sapporo, un immeuble de quatre étages, et le feeling de cette chute de si haut était marrant, il y avait des tonnes de neige en réception, c'était fun.
Ok, laissons les lecteurs checker ca eux mêmes alors. Merci Jed !
Merci, à bientôt !
Crédit photos :
Illustrations et photos tirés du booklet : Oli Gagnon, Jed Anderson, Ami Voutilainen
Photos à Grenoble : @pjrueda
Riders de la vidéo : Jed Anderson, Harrison Gordon, Jake Kuzyk, Scott Stevens, Chris Carr, Mike Rav, Joe Sexton, Teddy Koo, Dylan Ojo, Chris Grenier, Danimals, Jake O.E, et Louif Paradis
6 Commentaires
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Reste plus que scotty Vine pour montrer le bon exemple
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Par ce choix, vous nous privez de la possibilité de nous développer et de payer les coûts d’infrastructure liés au site.
Si vous appréciez notre travail, soutenez-nous! Merci.
NAN.
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