Furlan : The movie, l'interview.

On envie souvent les américains pour leurs petites marques core... Mais savez-vous que, chez nous aussi, des passionnés lancent leurs petits projets ? Deuxième épisode de notre série "'P'tit Quinquin" avec un OVNI, FURLAN.

Sylvain Furlan est un passionné parmi les passionnés. Il a lancé il y a quelques années Furlan snowboards avec des shapes incroyables, laissant incrédules beaucoup d'observateurs. Nous sommes allés à sa rencontre et l'avons interviewé pour tout comprendre. Résultat : le mec est barré, et c'est parfait comme ca. 

Pour l'instant, nous vous laissons découvrir la première vidéo de la marque : FURLAN FAMILY : THE MOVIE.

Du snowboard simple, polyvalent, bien de chez nous. Et avec des légendes comme Brynild ou Sully dans le team, on ne peut qu'adhérer. Vraiment beaucoup.

Salut Sylvain, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Salut Fluofun, je m’appelle Sylvain Furlan. J’ai découvert le snowboard à l’âge de 11 ans, j'ai aujourd'hui 41 ans et ça fait donc 30 ans que je ride. J’ai commencé à rider lorsque c'était les débuts du snowboard : les boards étaient fabriquées à la main et on utilisait des straps de planches à voile en guise de fixations. A cette époque là j'étais en quatrième, avec mes copains on s’était fabriqué une planche chacun. Suite à, ça j’ai commencé à ne vouloir vivre que pour le snowboard.

Peux tu nous présenter rapidement la marque Furlan ?

J’ai commencé de manière intime. En 1997 je fabriquais des planches de poudreuse uniquement. Par la suite, en 2008, on a créé officiellement la marque. Au départ on était vraiment orientés freeride, on faisait des planches de freeride pour les générations de riders qui avaient commencé par le freetsyle. Je voulais faire des planches très maniables, qui flottent, avec la portance de grandes planches. 

Tu as pressé ta première board en 1997 ?

Oui en effet, j’ai commencé à presser en 1997. Je  pressais un modèle de board chez moi et je le vendais déjà sous le nom de Furlan Snowboard. J'en ai fabriqué pendant quelques années comme ça dans mon atelier... J’avais un seul shape, c'était un shape de poudreuse, celui qui est pointu des 2 cotés en 193cm. Aujourd’hui on élargi la gamme de plus en plus vers le freestyle, tout en restant sur des shapes de boards de poudreuse.

Qu’est-ce qui t’as poussé à fabriquer tes boards toi même ?

J’étais rider pro, j’ai fait de la compétition et ensuite des images en backcountry. J’ai passé beaucoup d’années à Serre Chevalier, où j’ai rencontré Kafi qui faisait des boards. A l’époque elles étaient considérées comme les meilleures boards de poudre. Je les ai ridées et je trouvais que c’était terrible en poudre mais pour les freestylers il manquait ce coté maniable. J’ai donc imaginé un shape et je l’ai proposé à Kafi. Il a refusé de le shaper mais il m’a dit "si tu veux shaper, je t’aide à les fabriquer". Du coup j’ai commencé à shaper mes boards comme ça.

Du coup tu as pu commencer avec un gars qui connaissait bien le shape.

Oui. Pour les noyaux, les épaisseurs et pour le mode de fabrication, ça a été hyper important.

La gamme furlan est composée de combien de planches et de combien de programmes ?

La gamme comporte 17 planches et nous n’avons pas qu’un seul programme, je dirais qu’on en a 5. Ce que je cherche, ce sont des boards très polyvalentes avec plusieurs programmes. Je propose des boards que tu peux utiliser toute la saison et dans toutes les catégories de ride.

Quels sont les retours des riders?

Selon les testeurs, chaque planche qu'ils testent est une surprise.

Quelle est l'image que tu souhaites donner à Furlan ?

Je fais un peu de tout, la marque est libre par rapport aux grosses marques qui sont sur un seul marché. Elles font des études de marché pour savoir si les boards vont être vendues ou pas... Nous, on est libres. On a l’avantage d’être petits, on fait des planches au ressenti. Le premier point c’est que la board fonctionne en poudreuse, après si je veux un programme plus carving ou freestyle, je fais quelques réglages et j’essaye de les faire à ma manière. 

Je m’inspire des grosses marques, oui. Je me fais mon idée et je trouve qu’il y a pas mal de choses qui ne sont pas assez osées. C’est trop marketing, il y a de bonnes idées mais les marques ne vont pas assez loin dans les concepts. Moi je les pousse... jusqu'au moment où je suis allé trop loin dans le concept, du coup, je suis revenu quelques réglages en arrière. Pour avoir un comportement efficace, je regarde ce qu'il existe, mais aussi ce qui n'existe pas dans ce que proposent les autres marques. Ensuite, je m’en inspire, c’est ce qui donne ce caractère unique à Furlan. J’essaye d’ouvrir des portes dans la progression du snowboard pour que les boards soient poussées au maximum dans leurs caractéristiques.

Quels types de matériaux tu utilises pour fabriquer tes boards ?

J’utilise du peuplier, du frêne et aussi du carbone. J’utilise les meilleurs matériaux mais ce sont aussi les matériaux les plus basiques. Le carbone, c’est uniquement pour les réglages.

C’est toi qui presses tes planches où tu les fais dans une usine tierce ?

Je les pressais pendant plusieurs années, mais maintenant je les fais presser dans l’ex usine Burton en Pologne. C'est une super usine que je ne suis pas prêt de quitter.

Les shapes de tes boards sont vraiment très spécifiques, pourquoi ?

Ces shapes sont est faits pour que les boards fonctionnent très bien en poudre. Pour que tu puisses lors d’une session de park quand même aller te faire plaisir en freeride sans changer de board.

Tu es venu à cette interview avec quelques riders du team, tu peux nous parler d'eux ?

Furlan fonctionne beaucoup au feeling et à la sensation. Du coup je préfère travailler avec des riders cools, sympas, qui savent bien rider, mais je ne cherche pas des champions et surtout pas des mecs qui se la pètent. Il y a Sully Monod, Sacha Balicco, Raphael Puygrenier, Kimani Metsch Thomas de Lavigerie, Andreas Mancini, Vicci Miller, Brynild Vulin et Jean Louis St Arneault. C’est le coté humain qui prime. On travaille aussi avec les Twins (Romuald Bouche et Micky Bouche), ce sont des personnages ces gars là ! C’est ce qui compte le plus pour moi.

Quand on a créé la marque officiellement, j’ai eu l’impression que beaucoup de regards se sont posés sur moi avec méfiance et que les gens se disaient « mais qu’est-ce qu’il va bien pouvoir apporter au snowboard avec ses boards ». A ce moment là j’ai très vite rencontré des personnes qui n’en ont rien eu a faire de tout ça.

Pour moi, le snowboard c’est s’amuser avec tes potes et surtout profiter un maximum de chaque session. Je ne veux pas que mes riders fassent des images juste pour faire des images, mais qu’ils s’amusent en faisant du snowboard. L’image que je souhaite dégager c’est que le snowboard reste fun et amical.

C’est toi qui t’occupes du design et de la sérigraphie de tes boards ?

C’est moi qui m'occupe du design mais je laisse faire la sérigraphie à ceux qui savent le faire. Mes premières décos ont été faites par un ami, elles n’étaient pas très belles et elles n’ont pas marché, du coup nous en avons fait des nouvelles.

J'ai fait aussi appel à des amis tel que Manu Dobe et Lucas Beaufort que je connaissais par le biais du snowboard. J’ai bien aimé ce qu’il m’ont proposé et nous travaillons ensemble maintenant. Aujourd’hui on a une collaboration avec le peintre et chaman péruvien Pablo Amaringo, mais je travaille toujours avec mes amis. 

La déco c’est très important car un snowboard c’est un objet. Quand tu fabriques un objet, il faut qu’il te plaise et qu’il plaise aux personnes qui l’achètent. C’est comme une voiture, tu la choisis car elle te plait. C’est l’une des choses les plus importante dans le snowboard : c’est comme le skate, ce sont des sports qui retransmettent l’art. 

Tu imposes des contraintes aux artistes, ils les signent les boards ?

Tu vois, mon pote Manu il est trop inspiré. Quand il me propose une déco, je la valide tout de suite. Je ne lui impose rien du tout, il est libre. Il signe discrètement ses boards avec des petites initiales.

Ta board préféré dans la gamme, ce serait laquelle ?

Une seule c’est compliqué ! En revanche il y en a deux que j’aime bien, la ABS Trakt et la Limbo.

Où peut-on trouver tes boards en France ?

Tu peux en trouver partout en France, mais surtout dans les Alpes du Sud. J’habitais dans les Alpes du Sud avant, du coup j’ai toujours les mêmes revendeurs qui sont satisfaits de la qualité de mes boards. Je vais aller démarcher des nouveaux shops dans les autres massifs mais je travaille seul, du coup c’est un peu compliqué.