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Mec, il y a trop de neige !

Nous sommes en Janvier 2014. Le Burton European open vient de s'achever à Laax, et il a neigé durant toute la compétition. Quelques jours plus tard, l'ISPO doit commencer à Munich alors nous décidons de ne pas rentrer en France entre temps, et de rester dans les parages pour profiter de la pow. Benoit Thomas Javid et Thomas Delfino nous rejoignent et nous décidons de faire quelques kilomètres au sud, en direction de la Suisse italienne.

Voici le récit du trip "mec, il y a trop de neige !", qui aurait aussi pu s'appeler le trip "3 jours trop tard"...

article Benoit thomas javid

Nous sommes en Janvier 2014. Le Burton European open vient de s'achever à Laax, et il a neigé durant toute la compétition. Quelques jours plus tard, l'ISPO doit commencer à Munich alors nous décidons de ne pas rentrer en France entre temps, et de rester dans les parages pour profiter de la pow. Benoit Thomas Javid et Thomas Delfino nous rejoignent et nous décidons de faire quelques kilomètres au sud, en direction de la Suisse italienne.

Voici le récit du trip "mec, il y a trop de neige !", qui aurait aussi pu s'appeler le trip "3 jours trop tard"...

Ce trip commence donc à Laax, où nous venons de passer une semaine pour le Burton European Open. Nous avons déjà pu profiter de la poudreuse tombée pendant la compète lors d'une session mémorable avec Kevin Backstrom et Alek Oestreng, mais nous en voulons plus. La rumeur veut que le sud ait été mieux encore mieux servi. Nous prenons donc la route pour rejoindre Thomas Delfino et Benoit Thomas Javid qui, eux, nous rejoignent de France. Rendez-vous est donc pris dans la mini-station de Splugen dès le lendemain des finales du BEO.

Effectivement, les informations étaient bonne, la pow est là en masse. L'excitation du groupe est à son maximum : Thomas et Benoit n'ont pas encore shooté de "vrais" spots cette saison, et nous sortons d'une semaine de compétition avec tout ce que cela entend de contraintes, horaires, rigueur et tournicotis sur planche. Nous nous imaginons déjà une semaine entière de gavage sans fin...

Nous avons également rendez-vous à Splugen avec un photographe allemand qui connait la zone et doit nous aider à nous repérer, trouver les spots. Sauf que... les conditions d'enneigement sont déplorables en Allemagne et Autriche, et il n'est pas vraiment confiant quant à la quantité de neige que nous pourrions trouver en Suisse. Il décide finalement de ne pas faire les 5 heures de route pour nous rejoindre... tant pis pour lui ! Mais dommage pour nous aussi, qui nous retrouvons sans photographe et surtout sans guide.

Nous voilà donc partis, frouzes perdus en Suisse, sur les routes du Tessin. Premier arrêt en venant de Laax / Splugen : San Bernardino ! Le col est littéralement blindé de neige. Des mètres et des mètres de neige, comme vous pouvez le voir dans les premiers instants de la vidéo. Tout simplement incroyable ! Pour commencer en douceur cette longue semaine, nous repérons une ligne à proximité de la route, qui ne devrait pas demander trop d'efforts. Il s'agit d'un enchainement de paravalanches, complètement remplis, faisant office d'enchainement de drops. 

C'était sous-estimer la quantité de neige. Nous sommes équipés de raquettes (et bien évidement d'arva-pelles-sondes en cas de soucis) mais la remontée est quasiment impossible. Thomas Delfino, le plus en forme du groupe, ouvre la marche. Il a de la neige jusqu'à la taille. La marche est une bataille sans fin jusqu'au sommet. Mais force, abnégation et surtout espoir d'une session historique sous le soleil entre les pillows artificiels nous permettent d'arriver au spot, non sans y laisser quelques forces. Après quelques linzers, sandwichs au speck et rasades de Rivella, il est temps de passer au snowboard ! Quasiment aucun shape n'est nécessaire pour dropper ces paravalanches, à peine une petite plateforme sur le spot le plus haut.

Mais il semble dit que cette journée parfaite serait finalement plus compliquée que prévue. A peine sortons nous les cameras que le brouillard fait une apparition subite ! Le tout est encore ridable, mais les images ne sont plus les mêmes. Voici deux photos pour illustrer la montée rapide du brouillard : imaginez vous que Thomas a droppé dès que Ben a replaqué...

Les riders ont du mal avec la neige. Il y en a tellement que chaque replaque demande un effort énorme pour ne pas s'enfoncer. Ben et Thomas sont des professionnels, et ils remontent autant de fois qu'il le faut. Encore une fois, cela est plus compliqué qu'il n'y parait ! Rider avec les raquettes dans le dos semble une mauvaise idée, et remonter sans raquette une mission impossible. Pour leur éviter un détour énorme, et étant donné les quantités de neige nous décidons de... creuser un tunnel à travers les paravalanches pour remonter directement au drop in. Ne faites pas ca chez vous, c'est très dangereux. Le tunnel est étroit, mais suffisant pour y passer un corps et une board. Il permet de gagner du temps, mais surtout de l'énergie. Chaque remontée est un calvaire. Nous finissons cette première journée sur une ligne complète de Thomas Delfino, que vous pouvez voir dans la vidéo.

Ben immergé Tom galère à remonter... Ben check le spot Vers l'infini et l'au delààààà ! Ben sort du tunnel...

Nous quittons le spot pour passer la nuit chez Yoann, un ami qui habite désormais à proximité. Yoann saura nous guider, il habite à Lugano où sa femme travaille pour Vans, mais il est aussi rider et cameraman de snowboard. Originaire des Pyrénées, c'est lui qui réalise chaque année les vidéos de la Poney Session. Son petit appartement est devenu un QG du snowboard français dans la région, et nous nous couchons sur les matelas de sol presque encore chauds de Coincoin, Tyler Chorlton et Valérian Ducourtil qui étaient là la veille pour filmer dans les environs.

Il nous conseille la station de Cari, un mini domaine peu exploité. La partie basse est dans les arbres et peut servir de solution de repli en cas de brouillard, mais c'est surtout le haut du domaine qui nous intéresse. Raide, gavé de neige, avec un seul télésiège et même la possibilité de marcher depuis le sommet de cette remontée pour scorer de vraies lignes freeride depuis le sommet. Voyez plutôt le plan des pistes qui donne envie.

Cari

Mais encore une fois, quelque chose cloche. Quand nous sortons de chez Yoann pour monter dans la voiture, il fait chaud, très chaud. Trop chaud. Rien de bien grave. Arrivés à Cari, il fait toujours aussi chaud. Le soleil tape franchement. Des mètres de neige, des pentes raides, et un soleil qui tape fort ? Cela sent mauvais pour notre petite mission freeride... Et cela ne rate pas. A notre arrivée, le risque d'avalanche est si fort que toute la partie haute du domaine est fermée, risque d'avalanche trop élevé. Nous voyons des coulées impressionnantes sur des bords de pistes, ce sont littéralement des tonnes de neige qui se décrochent sur des pentes pourtant douces. OK, le message est compris : on reste dans les arbres ! Nous passons donc la journée à faire des allers-retour dans la soupe, sur l'unique télésiège ouvert. Tout est tracé, les images ne sont pas folles, mais les riders s'amusent.

Nous cherchons tout de même un petit spot à sauter, Thomas trouve une mini cliff. Nous regrettons de ne pas avoir de vrai photographe pour sublimer l'action. Tant pis. Retour à Lugano, les jambes sainement épuisées d'avoir ridé toute la journée, mais l'esprit préoccupé par cette deuxième journée en demi-teinte... Peu productive, risques d'avalanches élevé... Ha, si seulement nous étions venus il y a trois jours, avant le redoux !

Retour à Lugano.

Il est temps de prendre une décision, alors reprenons les données : il y a eu d'énormes chutes de neige, suivies d'un gros coup de chaud. Nous cherchons de la neige fraiche, des spots raides pour faire des images. Bon, c'est pas gagné. Chez Yoann, Skype tourne à bloc. Les contacts avec les autres crews, eux aussi en galère, s'avèrent peu fructueux. Le photographe Allemand qui devait nous rejoindre reprend cependant contact avec nous. Il suggère une expédition à Bosco Gurin, un petit village niché au fin fond d'une vallée, le plus haut village du Tessin. S'il fait froid quelque part, c'est là. Un de ses contacts s'occuperait des forfaits pour nous, peut nous conseiller des spots et même nous trouver un logement sur place. Nous commençons à reprendre espoir.

Il se trouve que Victor de le Rue est lui aussi dans la région avec Absinthe. Ils viennent justement de quitter Bosco Gurin et nous confirme qu'il y a de la neige, qu'il reste des spots à rider... Ok, go, direction Bosco.

Bosco Gurin.

Aller à Bosco Gurin est une aventure en soi. La route, déjà. Etroite, sinueuse, sans fin. Nous la faisons de nuit, et nous demandons souvent si nous allons arriver quelque part tant nous semblons perdus au milieu de la montagne. Le village de Bosco a été fondé en l'an 1253, et semble avoir peu évolué depuis. Sa population a même décliné. Après un pic à 420 habitants en 1858, le village n'est s'est que dépeuplé depuis, atteignant aujourd'hui 54 âmes résidentes. Un hotel, un restaurant, deux remontées mécaniques, voilà ce que l'on y trouve en période hivernale. Marc, notre contact sur place, s'arrange pour nous éviter l'hotel, et négocie avec l'auberge de jeunesse locale une ouverture spécialement pour nous. Enfin, "une ouverture"... les tenants cachent les clés de deux chambres dans le local à ski, et nous nous débrouillons seuls à l'arrivée, dans le village désert, pour trouver la grande bâtisse de l'auberge de jeunesse uniquement pour nous.

Bosco

Le village a été rendu mythique par les vidéos Absinthe et notamment Gigi Ruf, qui y avait récolté la cover de la VHS Neverland. Fredi Kalbermaten et bien d'autres sont venus ici, et les mots de Victor de le Rue nous ont rempli d'espoir. Nous nous endormons fébrilement, en pensant à l'énorme session du lendemain. Du beau temps est annoncé.

Un peu de neige... Ben TJ à l'intérieur de la maison droppée par Thomas Victor de le Rue est passé ici avant nous. l'auberge qui fait peur.

C'est au petit déjeuner que nous découvrons les montagnes environnantes. Bosco est au coeur d'un cirque de montagnes raides. Les remontées sont peu nombreuses, ainsi que les pistes. Cela laisse un domaine hors-piste incroyable et peu fréquenté. La difficulté d'accès a du bon ! Notre ami photographe ne vient finalement pas. Nous nous étions fait une raison.

Nous prévoyons trois ou quatre jours sur place, afin d'être sûrs d'avoir spots et fenêtres météo.

Niveau domaine skiable, après Cari, nous sommes submergés : DEUX télésièges, et DEUX téléskis ! On se gave ! Sauf que... comme à Cari, la partie haute du domaine est fermée, trop dangereuse. Nous comprenons vite le soucisn dès notre première descente : ici aussi, il a fait chaud. Très chaud. Mais en bonus, il a fait froid depuis, très froid ! Nous avons donc à notre disposition une neige en très grande quantité, qui a fondu en surface puis glacé. En language courant, on appelle ca une neige croutée. Une vraie croutasse de malade : 3cm ultra-dur sur 2 mètres de pow. Ce n'est pas agréable à rider DU TOUT. La situation devient ultra-frustrante. Nous dédions donc cette première journée à l'exploration de la forêt sur le bas du domaine. Nous voyons des spots shapés ici et là, avec une taille qui ne laisse aucun doute à Thomas et Ben TJ : "ha ca, c'est un spot à De le Rue" ! 

Réunion de crise le soir autour d'une pizza. Que faire ? Rester à Bosco, alors que la montagne entière n'est que croute et frustration ? Repartir encore ? Mais pour aller où ? Il semble que toute la région soit dans la même situation, et nous sommes tous fatigués d'avoir fait de la route chaque jour depuis le début du trip. Les pizzas s'amoncellent. Les bières et l'odeur de cigarette du restaurant, fumeur, embrument les esprits. Non, ca suffit. Nous allons rester ici, et arriver à faire quelque chose de de bien, ce n'est qu'une question de volonté, et de travail.

Les ruelles du village Le menu du soir. Chaque jour, encore et encore. le chemin du retour est parfois difficile...

Nous partons le lendemain avec un esprit neuf. Nous savons déjà que la neige sera pourrie, alors essayons de faire avec ce qu'on a. L'indic local, Marc, nous rappelle. On le sent désolé pour nous, il nous conseille des spots, nous indique où Fredi K avait trouvé un spot à kicker il y a quelques années dans des conditions similaires, mais sans les remontées mécaniques du haut du domaine, il est impossible de rejoindre l'endroit. 

Nous trouvons des chalets d'alpage qui peuvent faire office de kicker. Après quelques minutes de shape, Ben s'est fabriqué un petit transfert entre deux chalets, tandis que Thomas profite d'une rupture de pente derrière un autre pour prendre de l'amplitude. Les deux spots marchent mais la neige rend la replaque de tricks techniques ou de grosse amplitude vraiment compliquée. Nous comprenons vite que nous n'aurons pas les images du siècle, d'autant plus que le ciel s'est couvert entre temps...

Il est midi. Après ces quelques images sur les chalets, les riders en veulent encore. Ils partent à l'attaque d'une pente boisée directement depuis le parking, raquettes aux pieds. Une descente, quelques virages, toujours ça de pris. 

Suisse = tuning, hé ouai. Remontée à pied... la classe américaine anarchiste. ... pour redescente kiffante.

En rentrant au village, nous remarquons que ce dernier ne prend pas le soleil. Jamais. La neige n'a pas fondu ici, n'a donc pas re-crouté ensuite, et reste ridable. Nous trouvons une rue en descente, avec l'idée d'y shaper un petit snake run. Un hip sur un coté, un virage relevé sur un autre... le run pourrait même se terminer sur un transfert d'un coté de la ruelle à l'autre, grace à un gros caillou. 

Le run est engagé car très étroit. Il est difficile de freiner, la prise de vitesse est nécessaire pour prendre les modules. Pour rester praticable pour les piétons, du gravier a été déposé sur la neige de la ruelle. Nous l'enlevons avec précaution, afin de pouvoir le remettre en place quand nous aurons fini nos idioties. La nuit tombe vite, et Thomas décide de finaliser le petit hip. Il le ride encore, et encore, et encore, et encore... jusqu'à la nuit.

Thomas Delfino ne s'arrête jamais de rider... il recommence encore... ... et encore... ... et encore...

Le lendemain matin, nous n'essayons même pas de remonter sur la montagne. Pourtant, Thomas a repéré une face qui semble idéale, n'ayant a priori pas pris le soleil, et donc peut-être encore fraiche. Mais cette face demande une longue approche, peut-être 4 heures de marche minimum. Mais après une semaine de ride non-stop, personne n'est vraiment chaud pour l'accompagner. Nous retournons donc au snake run pour finaliser les images. Thomas shape alors un transfert au dessus de la ruelle, impossible à rider pour le commun des mortels. Le spot est super classe, et serait presque le premier "vrai" spot de la semaine. Après quelques essais, Monsieur Delfino est à l'aise. Chaque run vaut un trick différent, toujours stylé.

L'image est dans la boite ! Il est midi, et plus personne n'a envie de rider. Alors pour finir cette dernière journée, nous décidons d'aller dans un endroit merveilleux, vu sur le bord de l'autoroute : UN ENORME CENTRE AQUATIQUE AVEC TOBOGGANS, PISCINE ET MUSIQUE. Après une semaine épuisante à galérer dans le froid, à marcher dans la neige, à attendre un rayon de soleil en vain... faire le tour de piscines à 30° semble le paradis sur terre. C'est puéril, régressif, mais sacrément agréable et fait de belles images de fin pour la vidéo.

Il est temps de repartir pour Munich, où l'ISPO nous attend. Changement d'ambiance, nous passons du micro village à la zone urbaine hyper vivante, des ruelles enneigées aux allées moquettées. Bosco Gurin - Munich, un vrai choc. 

C'est la fin d'un trip éprouvant, tant physiquement que mentalement, où nous aurons galéré chaque jour avec des conditions difficiles, malgré les promesses du début du trip. Un an plus tard, nous n'en gardons pourtant que des bons souvenirs... vivement le prochain road trip !

7 Commentaires

sympakpak
sympakpak Et 1 mois après il y en avait encore plus à peine plus loin! Mais chut...

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Fohny
Fohny Le snake run a l'air d'envoyer du pâté!! Et c'est quoi la marque du sac orange de M'sieur Delfino?

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jl.
jl. non mais ho, merde là quoi. non seulement vous pondez un long article avec photos et vidéos, et en plus vous vous y amusez et en plus y'a gavé de neige?!
ça devrait être interdit!!!
je reviens d'avoriaz et y'avait rien, je vous déteste!

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grogus71
grogus71 @jl. : "Nous sommes en Janvier 2014. Le Burton European open vient de s'achever à Laax, et il a"

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Nh2. Tres tres bon! Du bon edit et snow en toute simplicite, ca fait ultra plaiz'!

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