Les différents sites météo étaient formels : il ne ferait pas beau vendredi.
Jusqu'à jeudi après midi. Soudainement, tous ont annoncé un grand ciel bleu. Changement de programme de dernière minute, retour en montagne.
Voici la suite et la fin de Lost in the Alps, celle dédiée aux jours de mauvais temps, en théorie.
Les différents sites météo étaient formels : il ne ferait pas beau vendredi.
Jusqu'à jeudi après midi. Soudainement, tous ont annoncé un grand ciel bleu. Changement de programme de dernière minute, retour en montagne.
Voici la suite et la fin de Lost in the Alps, celle dédiée aux jours de mauvais temps, en théorie.
Reprenons là où nous vous avions laissés à la fin de la première partie de l'aventure : nous sommes à Chamonix avec Josh Dirksen et Thomas Delfino, et venons de rentrer au chalet Patagonia après deux jours de splitboard épiques du coté du glacier du Tour.
Nous sommes rentrés à contre coeur, le but du trip étant de rester perdus le plus possible. Mais le temps s'annonçant vraiment mauvais, il était inutile voire dangereux de rester... et il faut avouer que nos ressources financières pour payer le guide arrivaient à sec. 400€ / jour, ca va vite.
A l'arrivée au chalet, notre statut de "Lost in the alps" n'est plus vraiment d'actualité. Machinalement ou par dépit, nous ouvrons les ordinateurs et smartphones pour nous rendre sur l'espace météo de fluofun. Hum. Les prévisions ont changé dans la journée. Deuxième site. Il se passe un truc. Troisième site et tous sont formels : finalement, demain, grand beau ! Le mauvais temps n'arrivera que 24 heures plus tard...
Il est 18h30 et nous n'avons rien prévu pour le lendemain. Josh et Thomas sont bien toujours très motivés de rider. Les cameramans commencent à fatiguer après trois jours de rando avec leur matos dans le dos mais sont partant pour une quatrième journée. Julien Ferrandez, qui faisait les photos jusque là, doit rentrer en Isère. Il est remplacé par le photographe qui était prévu à l'origine pour l'intégralité du trip : Alex Buisse. Alex est Chamoniard mais il arrive tout droit du pôle nord, où il a été engagé en dernière minute par un milliardaire russe organisant une course entre gens influents... C'est encore en plein décalage horaire qu'il nous retrouve.
La question est simple : où aller sans guide (il est trop tard pour en réserver un et de toutes façons, le budget est épuisé), sachant que les conditions de neige sont très compliquées ? La saison a été globalement mauvaise et les récentes chutes de neige ne doivent pas faire oublier que les ponts de neige au dessus des crevasses sont très faibles et donc dangereux. JB, responsable Patagonia, a une idée : éviter les terrains glaciaires en se rendant du coté Suisse du massif du Mt Blanc, dans le Val Ferret, et attaquer un spot qui répond au nom de "Grand Golliat". Il ne connait pas le spot personnellement, mais un ami lui a dit que c'était bien. ok. C'est mince. Mais en l'état actuel des choses, c'est notre seule option. Le spot est beau, il a un nom qui claque, il devrait faire beau, qui ne tente rien n'a rien, il est minuit. Les réveils sont réglés pour 5h du matin.
Départ à pieds...
avant de chausser les splits.
Nous arrivons à l'entrée du Val Ferret après une grosse heure de route. Il fait presque encore nuit. Le Grand Golliat est tout au fond du Val Ferret, l'atteindre demande une longue approche, le gravir un petit effort avec 1500m de dénivelé positif depuis la voiture. A l'arrivée au pied du Golliat après plus de 10km de marche, deux skieurs nous ayant précédés sont déjà engagés dans le couloir de gauche, appelé officiellement "Couloir Nord Est de gauche". Josh, Thomas et JB s'engagent donc dans le "Couloir Nord Est", le plus costaud.
La montée, variant de 40° à 45° sur l'intégralité du couloir, est rude. A ce moment, les deux skieurs du couloir "de gauche" font partir une belle avalanche. Heureusement que l'équipe n'était pas en train de monter dans ce même couloir... Mais la pression monte tout de même un peu. A quelques mètres du sommet, Thomas Delfino se rend compte qu'une belle corniche ayant pris le soleil toute la journée les surplombe. Il préfère ne pas tenter le diable et jouer la sécurité. Josh, en vieux briscard de la montagne, a vu pire : "Au pire, ca part et on fait tout le couloir en 'toboggan', il n'y a pas de vrai danger ! Ce sera juste chiant de tout devoir remonter". Ok. Il attaque donc la partie sommitale en solo. Lui seul profitera de la vue depuis là-haut, lieu magique où l'on peut voir la face nord des Grandes Jorasses et du Mont Blanc, si proche. La France, si belle vue depuis la Suisse.
La montée pour les trois acolytes.
La vue du couloir à mi montée. Le petit point noir en bas, c'est le cameraman. Photo Thomas Delfino.
JB ne veut pas être sur les images, et droppe en premier. Bon skieur, en forme, jeune et plutôt beau gosse, il fait pourtant quatre arrêts tellement la descente est longue, pentue et fatigante. Le prochain à dropper est Josh. Un appel au talkie, il est prêt, a repris son souffle, il est presque impatient. Pourtant les conditions de neige en cette fin avril ne sont pas optimales. Le couloir a été travaillé dans tous les sens : les avalanches, les passages des skieurs et le soleil ont fait leur office à tour de rôle. Mais il sait que la descente est filmée et que s'arrêter, ca ne se fait pas. Il enchaine de magnifiques virages dont lui seul a le secret.
Voyez plutôt l'état du bas de la face au moment où Thomas Delfino, le dernier à descendre, la traverse...
Après quatre jours de rando, un réveil à 5h du mat 1500m de dénivelé (1000 pour les plus fainéants restés shooter en bas de la face), et une journée en plein soleil, le consensus semble aller vers le retour à la maison, tranquillement. MAIS C'EST SANS COMPTER SUR L'ENERGIE DEBORDANTE DE THOMAS DELFINO ! Nous croisons une bergerie à la descente, il voit un hip. "A peine une heure de shape si on s'y met tous !" s'exclame t'il, avant de croiser les regards incrédules, épuisés, dépités, démotivés de ses six acolytes du jour. Pas facile. Personne n'ose vraiment lui dire que bon, il faut rentrer maintenant. Il remonte pour tester la prise d'élan, mise en doute par l'équipe vidéo. "REGARDEZ, MAIS SI, CA PASSE !". Toujours pas de motive. Thomas doit se rendre à l'évidence : personne n'a autant d'énergie que lui. Retour à la voiture.
Quel sentiment merveilleux qu'est celui procuré par le fait d'enlever ses boots lourdes, ses chaussettes mouillées et de mettre les orteils dans l'herbe. Au soleil. Les nuages commencent à arriver au nord, ca sent vraiment la fin.
Admirant le paysage, votre serviteur pj voit une rivière en contrebas. Alors, Thomas était-il vraiment si motivé que ça ? Le défi lui est lancé. Les cameramen et photographes confirment : l'image serait belle ! La perspective d'aller se caler au fond d'une rivière est cependant peu enthousiasmante pour Thomas, qui a un peu perdu de sa splendeur. "Vite, le soleil va bientôt passer derrière la montagne ! Si on le fait, c'est maintenant !" lui assène Alex le photographe. C'en est trop. Mis au défi, Delfino ne peut reculer. Il retourne à la voiture, prend sa board, teste la vitesse un premier coup sans trop y croire, pose sa veste et s'élance ! La rivière est presque trop étroite.
Retour à Chamonix et les premières gouttes de pluie font leur apparition. Le dernier jour du trip sera 'off', c'est sûr. Réveil à 10h, une folle grasse matinée. Le photographe Alex Buisse passe pour quelques portraits. Il pleut. Ca sent la fin.
Pierre, l'un des vidéastes et natif de Chamonix, nous parle toutefois d'un spot de skate abrité, un tunnel ridable comme une mini rampe, probablement sale. Josh et Thomas reprennent des forces à l'évocation de ces mots. Nous mettons les pelles d'avalanche et les balais dans la voiture, et partons pour le front de neige d'Argentière. Effectivement, il y a un spot. Effectivement, il va falloir nettoyer.
Voir Josh faire des virages en skate est presque aussi satisfaisant que de le voir faire des virages en snowboard. Il est bon. Le spot roule bien, mieux qu'imaginé par tous. Nous sortons les appareils pour filmer quelques images et faire quelques photos. Cette fois, c'est vraiment la fin. Nous filons directement dans un lieu inédit pour cette semaine : un bar. Nous n'en ressortirons que bien trop tard.
Il est temps de se quitter, chacun se promettant de repartir se perdre dans les alpes, plus encore peut-être, l'année prochaine.
Josh Dirksen dans le tunnel. Photo @Fredrik Marmsater à retrouver sur instagram : @fmarmsaterphoto
Un grand merci à Patagonia, Salomon Snowboards, Pleasure Mag et Frequency The Snowboard Journal pour le soutien sur cette aventure !
C'était le dernier trip fluofun de la saison, on espère que ce nouveau programme vous aura plu tout l'hiver ! C'était beaucoup de travail mais le sentiment de créer quelque chose de nouveau était vraiment extraordinaire pour nous. Des frigos hollandais aux glaciers du Mt Blanc en passant par le coeur de Tokyo, nous avons essayé de représenter le snowboard dans toute sa diversité et avec son point central éternel : le fun. Merci à tous !
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