Des idées aux produits : Peter Line

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Des idées aux produits : Peter Line

article Peter line
Texte :
Pj Rueda
Photos :
Yohann zielyk

Nous interviewions l'année dernière Peter Line chez lui, à Seattle, pour parler chiffons. 

Nous évoquions son métier de designer, sa vision, ses influences, ses envies de réalisations outerwear. Il venait de commencer un nouveau job en prenant en charge la réalisation de la gamme de vêtements techniques pour Dakine, qui souhaitait justement se relancer. Un an après cette interview, nous avons revu Peter.

Cette fois, c'est lui qui est venu en France à notre rencontre, à La Clusaz.

Cette fois, il n'était plus question d'idées, mais de produits.

Cette fois, la réalité a remplacé l'utopie.

Dans ses bagages, ses créations pour Dakine, collection 15-16.

9h. Tout le monde est à l'heure pour le rendez-vous donné aux nouveaux bureaux Dakine à Annecy. La marque vient en effet de déménager son QG Européen depuis Hossegor, pour se rapprocher des montagnes. Le snowboard est un marché important pour la marque américaine. Leader incontesté sur les gants et sacs à dos techniques, Dakine a lancé il y a deux ans une gamme de vêtements techniques pour affronter la neige, le froid, le snowboard. Les deux premières collections laissent cependant à désirer sur certains points : si la robustesse et la qualité des matériaux typiquement Dakine sont bien là, les coupes pourraient être mieux ajustées, l'élégance générale affinée. C'est justement pour cela qu'ils ont embauché Peter Line.

"Ma mission est de rendre ce qu'il font plus portable, avec des coupes modernes et intemporelles qui plaisent aux snowboarders. Rien de trop fou, juste des silhouettes clean et élégantes."

Cette journée n'a pas vocation à être une "vraie" interview - nous l'avons déjà fait en 2014 - ni vraiment un shooting "fashion", on est sur Fluofun quand même. Non, l'idée est plutôt celle d'un suivi SUITE à l'interview. Si vous ne l'avez pas lue, il convient donc de vous y reporter, sans quoi vous ne saisiriez pas l'intérêt de cet article. Cette journée permet donc de rencontrer Peter dans un cadre hautement agréable : la montagne. Si l'opportunité de rencontrer et discuter avec Peter Line a de quoi rendre jaloux tout snowboarder, la perspective de rider une journée avec lui est encore d'un autre niveau. Franchement, l'équipe Fluofun n'en mène pas large. Le terrain de jeu de La Clusaz est choisi de par sa proximité avec Annecy, mais aussi parce que la probabilité d'y trouver de la pow est élevée. Franck Moissonnier se joint à nous pour la journée : le local de l'étape est sans contestation le meilleur guide possible.

Avant cela, nous passons par le showroom Dakine. C'est Peter lui-même qui va choisir nos tenues, afin que les photos de la journée rendent compte de son travail."J'ai essayé de travailler de façon à ce que de nombreux ensembles soient possibles en fonction des goûts de chacun"Le nombre de référence est réduit - 8 vestes pour hommes seulement - mais les styles sont variés : vestes longues ou courtes, doublées ou non, Gore-Tex disponible, pantalons classiques ou salopettes, et plusieurs imprimés pour chaque style sont disponibles. Chose étonnante, quasiment tous les assemblages veste/pantalon semblent marcher, peu importe les coloris choisis. "Cela semble un hasard, mais c'est le fruit d'un long travail" assène Peter, nonchalant.

La nonchalance cède cependant rapidement le pas à une certaine excitation, celle du créateur qui peut enfin présenter le fruit de son travail, ses idées matérialisées. Certaines pièces sortent de l'ordinaire, et se vendront probablement très mal.  Le meilleur exemple en est ce poncho, vendu 100€ et tout simplement génial avec ses poches internes en polaire. "Il pleut tout le temps à Seattle, alors j'ai fait un poncho". Simple, direct, Peter sait ce qu'il veut, tant pis si le marché n'est pas prêt. Idem pour ces vestes à plus de 400€, full option, Gore-Tex et compagnie. "Ce n'est pas ce que les magasins vendront le plus, mais il est important que les clients les plus exigeants (et avec de l'argent) trouvent ce dont ils ont besoin. Nous ne sommes pas Arc'Teryx, mais nous avons tout de même un certain savoir-faire".

Les directives qu'il a eu à suivre ? "Ils m'ont donné un plan des types de produits qu'ils voulaient : une veste très haut de gamme technique, une veste entrée de gamme, etc... puis j'ai fait ce que je souhaitais. J'ai aussi rajouté des pièces qu'ils ne m'avaient pas demandées, comme le poncho par exemple. Ensuite, je leur présente des couleurs, des coupes, et on valide ensemble, mais j'ai vraiment été très libre. J'ai également designé tous les imprimés, à l'exception du "trophy print", qui a été fait par les graphistes Dakine."

Chacun est équipé. Pantalon pour l'un, salopette pour l'autre, vestes, mid-layers, direction La Clusaz. Dans la Clio fluofun, à quatre avec les boards et le matos photo, la place manque. Peter, le plus immense personnage de nous tous mais le plus petit gabarit se sacrifie et prend la place du milieu, à l'arrière. Plié en deux, coincé entre les boards, les sacs à dos et des tonnes de vêtements, la légende encaisse les virages sans broncher, plus concentré sur la journée de ride qui s'annonce que sur son confort.

Nous retrouvons Franck Moissonnier sur le parking de Balme. Lui aussi est équipé d'outerwear Dakine, mais de la saison précédente, celle qui n'a pas été designée par le fondateur de Forum Snowboards. Le contraste est flagrant. Coupes, imprimés, un vrai pas a été franchi. La différence apportée par le travail d'un seul homme est à la fois subtile et impressionnante. Le diable est dans les détails.

Dès les premiers mètres de glisse en snowboard, la sensation est confirmée : tout cela marche très très bien pour glisser de travers sur la neige. Les manches ont juste ce qu'il faut de longueur pour passer au dessus des gants sans trop en faire, les manchons en lycra tombent bien, les poches sont facilement accessibles. Peter nous le confirme lors du second passage dans la télécabine de Balme. 

"Mon but est avant tout de créer des vêtements pour la pratique du snowboard, ce fameux concept de "Function that works" que l'on avait évoqué dans l'interview l'année dernière. Le design n'a pour objectif que de favoriser la pratique, la cosmétique est accessoire".

Seule ombre au tableau : les conditions de neige en ce jour de mi-février. Ou plutôt : les conditions de glace en ce jour de mi-février. En effet, il a plu très haut la veille, et fait très froid pendant la nuit. Bilan : la montagne entière est glacée. Sur les pistes, en dehors des pistes, rien n'est amusant à rider, RIEN. Le rêve d'une journée de snow idyllique avec Peter Line se transforme en cauchemar et après trois pistes (littéralement trois pistes), décision est prise d'arrêter les frais. Direction un petit restaurant conseillé par notre guide local. Si rider s'avère impossible, au moins ferons-nous des photos "lifestyle" pour illustrer l'article ! 

Aucun de nous n'est mannequin - c'est un euphémisme - et Peter est le seul à avoir l'habitude de la caméra. La scène vire à la comédie. Merde, un shooting fashion Fluofun, on aura tout vu. Marco de Dakine et votre serviteur, pj, nous plions à l'exercice aux cotés de Peter. Le pauvre a commencé sa journée coincé dans une Clio, le voilà à faire des photos de mode au lieu de rider. Chienne de vie. Les appareils photos du jour sont argentiques, rendant impossible le visionnage instantané, ce qui nous laisse dans une expectative d'autant plus grande quant à nos prestations de mannequins. 

Il est temps de mettre fin à la torture. Nous réalisons que rien ne dégèlera, que nous ne retournerons pas rider et que, vraiment, mannequin n'est pas notre métier. Le repas est copieusement arrosé, et l'après midi se déroule au soleil, chez notre ami Francky à enchainer les whiskies âgés, très appréciés par notre invité du jour.

Bon, et ces fringues alors ? Le vrai jugement viendra de la part des consommateurs, en magasin. Achèteront-ils les produits dessinés par Peter ? En attendant d'en savoir plus, ce dernier semble confiant. 

"Il semblerait que les gars de Dakine aient apprécié mon travail sur l'outerwear, ils m'ont demandé de m'occuper des mid-layers techniques en plus de l'outerwear pour l'année prochaine." 

Voilà une bonne nouvelle.

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